En cours au Siège de l'ONU

9908e séance – après-midi
CS/16053

Conseil de sécurité: les récents efforts diplomatiques offrent une « lueur d’espoir » en un règlement en Ukraine, malgré les attaques contre son territoire, estime Mme DiCarlo

Appuyée par plusieurs délégations, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a estimé, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que l’intensification des efforts visant à ramener les parties à la table des négociations offre une lueur d’espoir en vue de progrès vers un cessez-le-feu et un règlement pacifique en Ukraine, malgré les attaques de la Fédération de Russie contre son territoire.  Les pertes civiles ont en effet augmenté de 50% depuis février en Ukraine, ont noté plusieurs délégations. 

Selon Mme Rosemary DiCarlo, cette réunion, présidée par le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, se tient à un tournant de la guerre en Ukraine, marqué par une intensification des efforts diplomatiques.  Elle a notamment pris note de l’annonce faite hier par la Russie d’une trêve de 72 heures du 8 au 10 mai, faisant suite à l’annonce similaire d’une trêve de 30 heures le 19 avril pour Pâques. 

Elle a rappelé que l’Ukraine, après cette annonce, avait donné son accord à la proposition des États-Unis d’un cessez-le-feu de 30 jours.  Malheureusement, les hostilités se sont poursuivies pendant la Semaine sainte, les deux camps s’accusant mutuellement de violations.  Et les attaques contre les infrastructures se sont poursuivies malgré le moratoire sur de telles frappes annoncé le 19 mars. 

Les attaques contre les villes ukrainiennes demeurent néanmoins « incessantes », a-t-elle déploré, en rappelant les attaques dévastatrices menées dans la nuit du 23 au 24 avril contre de multiples régions ukrainiennes, dont la capitale Kyiv, faisant 12 victimes. 

Mme DiCarlo a noté que les efforts diplomatiques se poursuivent néanmoins et a salué les récents échanges de prisonniers entre les parties.  « La poursuite des échanges de prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Fédération de Russie montre qu’avec une volonté politique, la diplomatie peut produire des résultats tangibles, même dans les circonstances les plus difficile », a-t-elle dit. 

De son côté, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a signalé que la situation humanitaire s’est aggravée malgré les possibilités de cessez-le-feu en raison des attaques incessantes qui tuent et blessent des civils, dont des enfants, en particulier dans les régions frontalières comme Kharkiv, Kherson, Dnipro, Donetsk, Zaporizhzhia et les communautés frontalières de Sumy.  Mme Joyce Msuya a précisé en outre que 13 millions de personnes en Ukraine ont besoin d’aide humanitaire, notamment des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées. 

« Tous les efforts, qu’ils visent une trêve temporaire ou un accord durable, doivent donner la priorité à la protection et aux besoins des civils », a tranché la Coordonnatrice adjointe qui a par ailleurs fait savoir qu’en raison de la forte contraction du financement de l’aide humanitaire, l’ONU et ses partenaires ont réorienté le plan d’action pour les besoins humanitaires et la réponse à l’Ukraine afin de se concentrer sur l’aide d’urgence vitale à 4,8 millions de personnes en 2025, ce qui nécessite 1,75 milliard de dollars. 

« Sans un soutien accru, même les efforts prioritaires pour sauver des vies sont menacés. Chaque contribution compte », a-t-elle souligné. 

Après la présentation de ces deux exposés, les délégations ont été nombreuses à appuyer les récents efforts diplomatiques, à l’instar de la Chine et de la Secrétaire générale du Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie. 

« Il existe une opportunité de parvenir à la paix et nous nourrissons l’espoir que l’initiative des États-Unis produise des résultats », a déclaré la haute fonctionnaire slovène qui a cependant averti que toute action unilatérale en faveur de la paix en Ukraine, ne ferait qu’éloigner davantage la fin de la guerre: rien ne peut se faire sans que les deux parties jouent leur rôle. 

Pour le Danemark, la paix doit inclure des garanties de sécurité solides et crédibles et ne peut être réalisée qu’avec tous les acteurs concernés autour de la table. « Cela inclut bien sûr l’Ukraine, mais aussi l’Europe. »  

Les États-Unis ont rappelé avoir présenté une proposition cadre à la Russie et à l’Ukraine en vue d’une paix durable, laquelle doit commencer avec un cessez-le-feu complet.  Pour le représentant américain, l’acceptation de la proposition américaine par l’Ukraine et la Russie présente d’immenses avantages et il appartient à présent aux dirigeants des deux pays de décider si la paix est possible.  « Si les deux parties sont prêtes à mettre fin à la guerre, les États-Unis soutiendront pleinement leur démarche vers une paix durable », a-t-il assuré. 

Après avoir accusé les soutiens de l’Ukraine d’avoir convoqué cette réunion par peur de se retrouver les mains vides à la suite des négociations entre la Russie et les États-Unis, le représentant russe a affirmé que Moscou ne vise que des sites ukrainiens de nature militaire, en attribuant les pertes civiles au déploiement délibéré par l’Ukraine de systèmes antimissiles dans des quartiers densément peuplés.  

De même, il a accusé l’Ukraine d’avoir violé à 4 900 reprises la trêve pascale proposée par le Président russe, avant de l’appeler à s’aligner sur la nouvelle proposition de trêve.  L’Ukraine doit respecter la population russophone, se dénazifier, garantir son statut neutre et non nucléaire et reconnaître divers territoires sous contrôle russe, dont la Crimée, a-t-il insisté. 

« La proposition d’un cessez-le-feu est sur la table des négociations depuis 49 jours mais elle a été rejetée par la Russie », a réagi la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine qui a condamné les actes de terreur contre la population civile ukrainienne.  « Tous les jours, la Russie tue et déporte nos enfants. » 

Dénonçant les « soi-disant » propositions de cessez-le-feu de la Russie, elle a souligné que l’Ukraine veut la paix, mais pas à n’importe quel prix. La Crimée fait partie de l’Ukraine et nous rejetterons toute restriction à notre souveraineté.  Toute tentative d’apaiser la Russie est vouée à l’échec et ne fera que l’encourager dans sa « guerre génocidaire », a averti la Vice-Ministre ukrainienne. 

De nombreux États Membres ont eux aussi fait part de leurs doutes quant à la volonté de paix de la Russie, à l’instar du Danemark pour qui les actions de la Russie ne seraient guère dignes d’un pays en quête de paix.  « L’Ukraine a en revanche maintes fois démontré sa volonté de paix en acceptant non seulement un cessez-le-feu de 30 jours sur les infrastructures énergétiques, mais aussi un cessez-le-feu complet de 30 jours sans conditions préalables », a relevé la délégation. 

L’annonce récente du Président Putin sur un cessez-le-feu sonne creux, a tranché le Sous-Secrétaire d’État parlementaire au Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, selon qui le Président russe n’est pas « sérieux » dans sa quête de paix.  Le Président russe est le seul obstacle à un cessez-le-feu, a appuyé le Ministre français, qui a également signifié son opposition à une capitulation de l’Ukraine, estimant qu’une telle issue à la guerre, en consacrant la loi du plus fort, entraînerait une course effrénée à l’armement et à la prolifération.  « La France s’y oppose parce qu’il s’agit d’un enjeu de sécurité pour elle et pour l’Europe », a déclaré le Ministre, évoquant notamment des cyberattaques des services de renseignement russes contre des entités françaises. 

Enfin, la République de Corée a partagé ses inquiétudes quant à un possible échec des efforts diplomatiques actuels, rappelant que plusieurs rapports font état de préparatifs chez les deux parties en vue d’une intensification de l’offensive dès ce printemps. 

 

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Maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a estimé que cette réunion se tient à un tournant de la guerre en Ukraine, avec une intensification des efforts visant à ramener les parties à la table des négociations.  « Ces initiatives offrent une lueur d’espoir en vue de progrès vers un cessez-le-feu et un règlement pacifique. »  Dans le même temps, les attaques contre les villes ukrainiennes demeurent incessantes.  Elle a mentionné l’attaque dévastatrice menée dans la nuit du 23 au 24 avril contre de multiples régions ukrainiennes.  À Kyiv, au moins 12 personnes ont été tuées, dont plusieurs enfants.  « C’est l’attaque contre la capitale la plus meurtrière en neuf mois. »  Une autre frappe contre Kryvyi Rih avait fait, plus tôt dans le mois, 18 victimes. Entre le 1er et le 24 avril, 152 civils ont été tués et 697 blessés.  Les pertes civiles ont augmenté de 50% depuis février.  Elle a condamné les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, en rappelant qu’elles sont illicites au regard du droit international. 

La Secrétaire générale adjointe a pris note de l’annonce faite hier par la Russie d’une trêve de 72 heures du 8 au 10 mai.  Cette annonce fait suite à une annonce similaire de la Russie d’une trêve de 30 heures le 19 avril pour Pâques.  Elle a rappelé que l’Ukraine, après cette annonce, avait donné son accord à la proposition des États-Unis d’un cessez-le-feu de 30 jours.  Malheureusement, les hostilités se sont poursuivies pendant la Semaine sainte, les deux camps s’accusant mutuellement de violations.  Et les attaques contre les infrastructures se sont poursuivies malgré le moratoire sur de telles frappes annoncé le 19 mars. Mme DiCarlo a noté que les efforts diplomatiques se poursuivent néanmoins et a salué les récents échanges de prisonniers entre les parties.  « La poursuite des échanges de prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Fédération de Russie montre qu’avec une volonté politique, la diplomatie peut produire des résultats tangibles, même dans les circonstances les plus difficile, » a-t-elle dit.  Enfin, elle a plaidé pour une paix respectant pleinement l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine, conformément au droit et à la Charte des Nations Unies. 

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